Chaque année, sans exception, à cette même période, je me dis qu’il faut que je vous parle de Noël… Cette fois-ci, je me jette à l’eau ! 😉
Les grincheux d’abord
Il y a bien longtemps que les grincheux ne voient plus que le côté commercial de l’affaire. Pourquoi ? Qu’y a-t-il dissimulé tout au fond d’eux qui fasse de la sorte barrage à la joie ?
Les Noëls ratés
J’éprouve beaucoup de compassion pour ces gens grincheux qui refusent de laisser entrer chez eux la moindre branche de sapin, la plus petite guirlande.
Ils ont souvent, derrière leurs grogneries, une tristesse indélébile nourrie des Noëls ratés, de ceux qui ont fait mal, qui ont blessé, qui ont laissé des cicatrices qui redeviennent douloureuses à cette période chaque année.
La perte d’un proche tendrement aimé en est souvent la cause : une rupture amoureuse, une séparation, un divorce, un décès… C’est l’amour qui vous quitte de la plus brutale des façons alors que vous vous apprêtiez à vivre des instants de joie, tandis que votre cœur et votre esprit ne sont tout simplement pas préparés au malheur.
La perte d’un emploi qui vous jette dans la misère et vous marginalise du jour au lendemain aussi…
Retenons-en simplement ce sentiment de perte, cette fracture de vie quelle qu’elle soit, à un moment où tous sont en liesse autour de vous.
Il peut y avoir aussi les ressentis mêlés de douleur et de culpabilité que vous trainez longtemps (à vie pour être honnête) superposés aux souvenirs de ces Noëls sans argent alors que vous rêviez d’offrir à vos enfants le Noël auquel ils aspiraient ; un de ces Noëls fait de l’attente fébrile de petits bonheurs, un de ces Noëls croulants sous les friandises et les joujoux, où le rêve des plus jeunes devait devenir leur réalité le temps d’une soirée à la manière d’une parenthèse enchantée. Mais vous, vous gardez les images gravées au fer rouge dans votre mémoire de ce sapin vide en dessous (ou presque), de ce menu sans rien d’exceptionnel ni de festif, des visages tendus de vos enfants sous l’effort qu’ils faisaient à garder une mine « même pas grave ! » alors que vous sentiez les pleurs enfouis tout au fond d’eux. Les Restos du Cœur, le Secours Catholique, je les ai connus, ça fait survivre au quotidien, ça ne donne pas la magie !
Enfin, il y a tous ces enfants maltraités qui n’ont jamais connu les Noëls en cortèges de joie. Privations et coups, peur et douleur, n’ont jamais aidés à transmettre les valeurs de cette fête ni les ressentis magiques qui vont avec. En grandissant, même longtemps après s’être débarrassés de leurs bourreaux, il leur est difficile de rattacher Noël à quelque chose d’heureux. Tout leur est à construire sur des terres bourbeuses.
La solitude
Qu’ils aient vécu une perte, une rupture, leur parcours a connu cette faille de l’entre-deux. Ils ont cet avant des Noëls heureux (pour la plupart d’entre eux), puis ces Noëls vides sans partage, sans amour et sans joie, sans présents, ni amis, ni fête, ni rien.
Le matraquage intensif des centres commerciaux
Le matraquage intensif des centres commerciaux à grand renfort publicitaire ne les aide pas, c’est une certitude, à retrouver (ou à découvrir) le sens profond de Noël, et donne à cette fête un aspect mercantile.
Que leur répondre ?
La magie de l’enfance
J’ai conservé au fond de moi comme le plus précieux des trésors la joie de mes Noëls d’enfant. Peu importait la médiocrité des autres jours, ternes ou tristes, je savais que (quoiqu’il arrive) la magie opèrerait.
Comment suis-je devenue addicte aux fêtes de Noël ?
Chaque année, tout commençait invariablement pour moi le 5 décembre au soir quand ma grand-mère me disait d’aller porter une gamelle d’épluchures tout en haut de l’allée.
C’est ici qu’il faut que je vous explique que je suis native de l’Est de la France, des Vosges plus précisément. Là-bas, dans la nuit du 5 au 6 décembre, Saint Nicolas vient visiter les enfants sages. Monté sur son âne, une hotte chargée de friandises et de joujoux arrimée sur le dos, sa tournée est bien longue dans la neige et le froid. Le père Fouettard s’occupe lui des vilains en ne leur laissant qu’une trique comme cadeau…
A la place des épluchures, mangées consciencieusement par le petit âne, j’ai toujours eu le bonheur de découvrir des coualés (brioches en forme de bonhommes), des papillotes, des Pères Noël en chocolat et des Saint-Nicolas en pain d’épice dissimulés derrière une belle image à l’effigie du saint.
Cette fête était comme le grand lancement de la période de mon avent personnel. Maintenant le décompte pouvait commencer !
Tout en moi se préparait à la joie, à la paix, à la douceur, à la félicité. Je nageais dans un bonheur sans faille que rien n’aurait pu altérer.
Et cette douceur particulière
La veille de Noël s’annonçait enfin.
J’ai des souvenirs d’odeur de feu de bois et du crépitements des bûches dans le fourneau en fonte de la cuisine de mes grands-parents, de sapin décoré que mon grand-père allait couper dans la forêt voisine, de parties de cartes, de jeux de petits chevaux et de l’oie, le tout en croquant des noix et des noisettes, en dégustant des clémentines (on n’en trouvait pas tant que cela à l’époque). On s’occupait en attendant l’heure de partir à la messe de Minuit. Au retour, nous attendaient le repas succulent et les cadeaux déposés comme par magie au pied de ce petit sapin.
Amour, joie et partage étaient au rendez-vous.
Il y avait cette nuit-là, une douceur que je n’ai jamais retrouvée à aucun autre moment de l’année. C’était un ressenti vraiment très particulier, une paix profonde, un silence intérieur, une douceur à l’âme.
Alors… On pourrait sans doute me répondre que j’aurais dû vivre cela chaque jour de mon enfance. Peut-être… Qu’importe au fond ! Je chéris ces souvenirs et ces personnes qui ont tout fait pour que la magie puisse opérer en moi.
Et aujourd’hui ?
Ces personnes ont disparu depuis longtemps. Je suis devenue la porteuse de Lumière à mon tour. C’est comme si, en quittant ce monde, elles m’avaient passé une sorte de flambeau.
Alors, depuis que je suis devenue maman, j’essaie de transmettre cet état d’esprit si particulier aux fêtes de Noël ; je fais de mon mieux pour que la magie d’alors opère encore.
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.
Paix, Amour et Joie accompagnent chacun de vos pas.
En Lumière du cœur,
VéroV
Sylvie Baltardive
Merveilleux texte. Merci infiniment Véro. J’ai connu aussi st Nicolas, le père fouettar, les petits bonhommes en pain d’épices glacés au sucre. Le sapin qui sentait bon la forêt, les guirlandes, les boules colorées… j’ai eu aussi des noëls tristes et solitaires mais malgré cela il y avait quand même un sapin et des guirlandes lumineuses pour faire vivre la magie de noël. J’adore noël. Mon enfant intérieur se réveille et s’émerveille. 💞
Véronique Vauclaire
Un très joyeux Noël à toi 🙂 <3