La petite Mousotte – Avis lecture

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16 juin 2024. Jamais je ne commence un article par une date. Pourtant, celle-ci est d’importance. Cela pourrait n’avoir qu’été anecdotique et pourtant…

Hier donc, j’animais ma dernière séance de dédicaces à Ribérac (en tous cas en ce qui concerne cette année 2024) pour mon roman, La petite Mousotte ; le seul de mes livres qui m’ait demandé de poser mes tripes sur la table. Dire que je l’ai enfanté dans la douleur est peu dire, il m’a fallu six mois d’écriture pour en venir à bout !

Bref, j’étais en train d’en faire la présentation à de potentiels lecteurs quand une femme, à peine plus jeune que moi, s’est arrêtée devant ma table. Et moi de lui présenter aussitôt La petite Mousotte et ses personnages attachants, Léna et son petit-frère Antoine, la situation dramatique dans laquelle ils grandissent, les thématiques soulevées dans le livre et cette fin qui n’en est pas vraiment une puisque, finalement, je laisse mon lecteur libre de choisir ce qui arrive à Léna à travers quatre fins possibles.

Ce que j’ignorais à ce moment-là, c’est que cette dame tenait une chronique littéraire sur Instagram et un blog sur internet (dont je vous mets le lien en bas de cet article).

Après avoir quelque peu papoté comme de vieilles connaissances (je sais, cela ne me ressemble guère), nous nous sommes quittées et la dame s’en est retournée chez elle, vaquer à ses occupations et découvrir La petite Mousotte.

Cet avis lecture est tiré de son blog : millelivresentete.com

A très vite pour de nouvelles rencontres littéraires !

Véronique

« La petite Mousotte

Véronique Vauclaire

« Seul le silence est meurtrier ». En une seule phrase, le sens de la vie peut être totalement remis en question et nos certitudes mises à mal. Et lorsqu’on prend de pleine face ce terrible constat, c’est d’une lecture bouleversante que l’on ressort. Merci Véronique Vauclaire pour ce moment d’échange mémorable et pour m’avoir si bien présenté « La petite Mousotte » que je n’étais pas amenée à découvrir si ce n’est au hasard d’une rencontre fortuite qui restera dans ma mémoire.

Comme toute lectrice un peu accro aux livres, mes virées shopping ne sauraient se terminer sans un passage en librairie. Pas nécessairement pour acheter, juste pour voir – soyons honnête, je sors rarement les mains vides -. Mais ce samedi de juin 2024, j’étais loin de m’imaginer faire une telle rencontre, celle qui m’a permis de croiser la route de Véronique Vauclaire et de « La petite Mousotte ». Et de repartir avec elle, seulement elle pour lui consacrer quelques heures de mon temps, attention si grandement méritée une fois le livre refermé. Quel moment de lecture intense !

« La petite Mousotte » c’est une immersion totale dans le quotidien de Léna que l’on va suivre sur plusieurs années, quotidien qu’elle va revivre depuis son enfance, en flashbacks, le jour de ses 55 ans, jour où, sur une simple décision, sa vie pourrait prendre une autre direction… Un récit dur et poignant, qui met des mots sur des maux trop souvent ignorés et dévastateurs. L’être humain n’est pas fait pour se construire dans la douleur et pourtant l’histoire de Léna – et de son petit-frère Antoine – est la représentation même qu’au jeu de la vie, les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde et que les armes pour gagner sont réparties de manière très inégale.

C’est dans un récit court et très narratif que le monde de Léna et de son petit-frère Antoine est partagé entre la violence destructrice d’une relation parentale dénuée de tout amour maternel et la douceur salutaire de grands-parents aimants qui offrent – le temps de quelques moments de répit – une bouffée d’oxygène à deux êtres qui ne sont pas nés au bon moment et dans la bonne famille. On ne nait pas parent, on apprend à le devenir… ou pas.

C’est un écrit assez inhabituel, sous un format condensé mais tellement criant d’authenticité et d’émotions, qui traite de sujets particulièrement douloureux et ô combien tabous dans une société où seule l’opinion et le regard des autres a d’importance , encore plus à l’époque à laquelle le récit débute.

Je suis toujours très sensible à la notion de psychologie dans mes lectures sauf que le contexte est ici totalement différent. Pas de romance, pas « toute ressemblance avec des personnes ayant existé est fortuite », pas de pure fiction qui donne froid dans le dos et serre le coeur. Rien de tout ça car on ne peut ignorer que ce que l’auteure partage au travers de ces mots et d’une trame soigneusement choisis n’est que le reflet d’un quotidien trop souvent vécu dans l’isolement, dans la violence des mots et des actes et dans la peur considérés, à tort, comme mérités.

Ce roman nous montre, avec une plume de très grande qualité, le processus de l’emprise psychologique subie, au fil des années, par une personne depuis son plus jeune âge et les conséquences sur sa construction en tant qu’adulte et parent en devenir à son tour.

Et le schéma d’une vie qui n’a que deux options : s’en sortir pour ne plus subir et ne pas reproduire les traumatismes endurés ou malheureusement rester enfermé dans un cercle puissant qui telle une toile se renforce jusqu’à devenir indestructible.

Je dis souvent que certaines histoires, au travers de la force des mots, sont vécues plus qu’elles ne sont lues. Et « La petite Mousotte » fait partie de celles-là tant l’immersion est intense, tant les sentiments dévastateurs nous percutent au fil des pages et tant on aimerait être cette main tendue envers des personnages qui ne peuvent laisser indifférents. Malheureusement, la lecture se déroule dans une impuissance à pouvoir laisser les émotions de côté et à rester totalement insensible. Et on ne ressort pas vraiment indemne d’une telle parenthèse littéraire.

L’auteure a choisi un enchaînement rapide apportant un rythme soutenu qui nous maintient spectatrice impuissante d’un véritable combat contre la force malsaine de l’autre, le bourreau et contre soi-même, la victime, comme pour mettre en lumière l’absence de répit dans la maltraitance physique et émotionnelle qui a jalonné la vie de Léna.

Le style est incisif et terriblement percutant, l’écriture directe et sans fioritures, ce qui donne un résultat final très réussi.

Dans ce roman, la force des sentiments est vraiment au coeur de l’histoire et pose réellement les bases d’une vie qui va se révéler si douloureusement chaotique. Il y a une telle opposition entre l’amour de Mamie et Papi et celui inexistant de la Mère – simple enveloppe corporelle ayant donné la vie – que les évènements traversés sont touchants mais de manière tellement différente. L’émotion et la colère sont trop souvent en conflits jusqu’à ce que l’un prenne l’ascendant sur l’autre et nous laisse envisager une fin inéluctable, où le mal triomphera sur le bien.

Et c’est justement une fin atypique à quatre choix, laissée au libre jugement de la lectrice / du lecteur, que l’auteure a imaginée. La facilité aurait voulu que le premier soit une fin unique pour qui se plonge dans l’histoire, comme une délivrance après tant de souffrance.

Mais ce sont trois autres choix qui nous sont proposés ici et j’avoue que, de manière logique, c’est le dernier qui m’a conquise (même si j’aurais bien pris un peu du précédent) ; nous donnant la main sur ce que nous voulons de mieux pour Léna et pour, de manière un peu égoïste probablement, adoucir nos émotions finales.

Ce roman, pourtant en narration externe, sur lequel je ne me serais probablement pas arrêtée sans cette rencontre avec l’auteure, est une réelle belle découverte qui interpelle et qui donne à réfléchir. Si vous aimez les récits courts, directs, qui vont à l’essentiel et dans lesquels les émotions sont au rendez-vous pour vous faire vibrer à chaque page, je vous conseille vraiment de vous plonger dans celui-là. Alors très belle lecture !

www.millelivreentete.com »

Si vous voulez retrouvez les montages photos et les citations extraites dans « La petite Mousotte », je ne peux que vous donner rendez-vous sur le blog de Millelivresentete. 🙂

La petite Mousotte / Véronique VAUCLAIRE – Mille livres en tête (millelivresentete.com)

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