Quelques veillées avant Noël
de A.C. Vauclaire
Présentation de l’ouvrage
Editeur
Auto-édition Amazon
Date de parution
23 juillet 2021
Broché
168 pages
4e de couverture
Quelques veillées avant Noël est un conte de Noël où se retrouvent de nombreux personnages du folklore païen.
Tom (malicieux et intrépide, comme nous pourrions l’imaginer !) s’était fait surprendre par le Père Fouettard. Caché dans une haie, il faut avouer ici qu’il réservait quelques farces à sa façon au bon Saint Nicolas.
A la place de recevoir les quelques triques qu’il méritait, il se vit chargé d’une mission importante : retrouver le Père Noël qui avait disparu et sauver la jolie fête !
Bien des péripéties le guettaient en forêt de Brocéliande, car tous les personnages qui rôdaient en ces temps de l’Avent n’étaient pas sympathiques…
Quoiqu’il en fut, si Tom voulait recevoir des cadeaux dans ses chaussons au matin du 25 décembre, il allait devoir faire preuve d’un grand courage. Heureusement que le Petit Peuple veillait !
A partir de 9 ans.
Extrait du livre
« … Préambule
Cette histoire commence il y a fort longtemps dans un lointain pays dont le nom s’est perdu.
En haut de la plus haute tour que l’on puisse imaginer se tenaient un vieil astronome et son apprenti. Chaque nuit, quand tous allaient se coucher, ils montaient l’escalier en colimaçon comme ils auraient gravi une montagne. Le vieillard s’aidait bien un peu de la rampe accrochée aux pierres du mur. Les années passant, que cette ascension lui était devenue pénible ! Une fois en haut, il reprenait son souffle quelques instants avant de s’avancer vers son gros télescope. Le regard usé à force d’avoir tant scruté le ciel, le vieil astronome, inlassablement, reprenait son étude.
Ce soir pourtant, une fois n’est pas coutume, il frottait sa longue barbe en marmonnant d’étranges choses.
De l’endroit où il se trouvait, le gamin ne percevait pas grand chose de ses réflexions.
-
Hummm… Voyons… Si mes calculs sont exacts… Vu la conjonction de Saturne et de Pluton… Il se pourrait bien que ce soit pour cette nuit !
-
Quoi donc, Maître ?
Sans prendre la peine de lui répondre, le vieillard s’agitait de plus en plus, tournant sur lui-même comme une toupie qui aurait perdu le fil de sa course.
-
Pour cette nuit ? Vraiment ? Et j’assisterais, moi, à un tel miracle !
Il regarda à nouveau dans la lunette du télescope.
-
Hum… Hum !
A ses pieds, l’enfançon, avachi dans un manteau trop grand pour lui, écoutait attentivement, buvant chacune de ses paroles.
-
Maître, parlez-moi encore de celle qui arrive !
Cette fois, le vieillard se redressa de toute sa hauteur. Une fois n’est pas coutume, sa robe ne faisait pas un pli. Il rétablit son haut chapeau, décoré d’étoiles et de lunes argentées, d’une pichenette.
Prenant un air docte, un index levé, il se mit à déclamer à l’intention de son apprenti.
-
Les textes anciens sont formels : « Au soir du solstice d’hiver, lorsque Saturne et Pluton se rencontreront à nouveau, alors viendra l’Etoile de Béthléem. De grands changements se produiront pour tous les êtres habitant cette Terre. »
-
Ce sera comme un miracle ?
-
Plus grand encore que tu ne le crois ! Quatre cents ans que nous l’attendons !
-
Et moi, je la verrai aussi ?
-
Bien sûr que tu la verras ! Elle brillera si fort !
-
Alors, Maître, pourquoi tant guetter les mouvements des corps célestes dans votre télescope ? Il nous suffit d’habiller notre cœur de lumière et de l’attendre tout simplement.
Le vieillard, ému, regarda l’enfant. Tout était dit. Pour attendre un miracle, il suffisait de s’habiller l’âme de beaucoup d’amour et de joie.
-
Les temps qui arrivent ramèneront au monde les anciennes magies.
Mais, s’interrompant déjà, le vieux lui souriait avec affection.
-
Si tu as un vœu à faire, petit, fais-le, le moment est venu !
Pressant ses mains jointes sur son cœur d’enfant, les yeux clos pour mieux se concentrer, l’enfant fit son vœu en silence.
L’astronome, lui, ne chercha pas à dissimuler son désir.
-
Que nous vienne un monde nouveau !
Car dans ce pays-là aussi il y avait nombre de malheureux et de bien grandes injustices.
Loin, très loin, dans un autre pays, au même moment, une paysanne sortie pour fermer ses volets tombait à genoux dans la neige, les mains jointes.
-
Mon Dieu, s’il te plaît…
De partout à la fois, ceux qui voyaient l’Etoile se perdaient en demandes de toutes sortes, certaines très loufoques d’ailleurs.
Tom, lui, ne savait rien de tout cela. Il était encore, à quelques veillées de Noël, en train d’arpenter Brocéliande…
Chapitre 1
Où l’on fait la connaissance de Tom
Tom était facétieux et malicieux en diable. Des cheveux blonds, un regard noisette, un sourire angélique. Questionné, le village entier en aurait convenu : il y avait de l’intelligence dans cette tête-là ! Pas toujours bien employée, mais il y en avait. Il faut dire qu’au fil des ans, tous en forêt de Brocéliande avaient eu à subir ses plaisanteries qui, le plus souvent, ne faisaient rire que lui. Enfin, tous sauf le boucher dont l’enfant se méfiait du regard mauvais.
Cette nuit, puisque cette histoire commence un 5 décembre, nuit de la Saint Nicolas, Tom avait décidé de passer à un autre niveau : Le bon saint, concentré qu’il l’était sur sa distribution de friandises, serait sa nouvelle cible !
Durant toute la journée, Tom avait testé maints préparatifs en cachette de ses grands-parents avant de se décider pour la plus simple des méthodes : un fil de pêche, invisible de nuit, entourait chacune des deux carottes qu’il avait déposées dans l’assiette destinée à l’âne. Depuis des heures maintenant, dissimulé dans un trou de la haie, il n’attendait que de pouvoir tirer sur les ficelles pour empêcher l’âne de croquer ses carottes. En dépit de l’inconfortable de sa position, il se régalait à l’avance de sa farce. Les petites branches dures qui le poussaient dans le dos ne suffisaient pas à faire tomber le large sourire qu’il affichait déjà.
La farce aurait pu fonctionner, sauf que Saint Nicolas ne se déplace jamais seul, les enfants le savent bien. A quelques pas de lui se traînait le vilain Père Fouettard et sa hotte emplie de triques de genêt. Car l’un récompense les enfants sages, l’autre punit ceux qui ont été vilains, telle est la loi.
Les grelots du petit âne se firent entendre de loin, depuis plus bas que le bas de la route. Puis ce furent au tour d’un bruit de pas et du martellement au sol de la crosse épiscopale qui servait à présent de bâton de marche à Saint Nicolas de trahir l’arrivée des visiteurs nocturnes. Tom en tremblait d’un plaisir anticipé et se retenait de rire sous cape.
De fait, accordons-lui cela, la farce fonctionna ! Saint Nicolas s’arrêta devant le portail de la petite maison aux volets rouges et blancs et commença à chercher dans son sac de quoi satisfaire l’enfant. Tom voyait le bas du manteau rouge remuer et les grosses chaussures piétiner à deux pas de lui seulement. Une brioche en forme de bonhomme, une orange, quelques papillotes, une poignée de noix. Il fallait faire de la place dans l’assiette pour y déposer ce trésor.
-
Qu’attends-tu, mon âne ? Mange vite tes carottes et reprends quelques forces !
Mais, à chaque fois que l’âne essayait de se délecter d’un légume croquant, celui-ci, par une étrange magie, s’écartait au dernier moment des dents de l’animal qui claquaient dans le vide !
-
Eh bien cela alors !
Et le saint de frotter pensivement sa longue barbe blanche en voyant la frustration de son âne se transformer très vite en un profond désespoir qui risquait de les faire découvrir.
On fait plus discret que les braiments d’un âne !
Bien à l’abri dans sa cachette, Tom ne perdait pas une miette du spectacle. Il n’en pouvait plus de se tenir les côtes.
Plus perspicace peut-être et s’approchant à pas de loup, le Père Fouettard, dont la tenue sombre se fondait dans la nuit, plongea soudain dans le troène. Celui-là, Tom ne l’avait pas vu arriver !
-
Je te tiens, garnement ! Ah, tu mériteras bien une volée de triques !
En temps ordinaire, Tom aurait demandé lui-même le bâton, histoire de provoquer l’homme en noir et de s’amuser un peu à ses dépens. Mais, cette nuit, un feu étrange faisait rougeoyer très fort les prunelles de l’ancien boucher. Alors Tom, pour une fois, ne répliqua rien du tout.
-
Attends, l’ami. Nous pourrions peut-être proposer une sorte de marché à ce garnement-là.
Forcément, après quelques siècles passés ensemble à arpenter le monde, Saint Nicolas et le Père Fouettard étaient devenus amis. Oublié le temps des enfants découpés puis mis à saler dans un tonneau avant d’être ressuscités !
Posant une main apaisante sur le bras du boucher, le bon saint poursuivit.
-
Petit, je sais que tu n’as pas un fond méchant car je t’ai vu souvent aider les plus jeunes et les vieux, partager le peu que tu as et répandre généreusement ton sourire et ta joie de vivre.
Tom sentit que le Père Fouettard le tenait moins fort déjà et qu’il avait compris où Saint Nicolas voulait en venir.
-
Si nous ne te punissions pas pour tes frasques passées, serais-tu prêt à nous venir en aide ?
Alors là, c’était juste incroyable et Tom n’en revenait pas !
-
Je veux bien, oui. Que dois-je faire ?
-
Dès cette nuit, tu devras te rendre dans la forêt. Avec l’aide du Petit Peuple, il te faudra retrouver le Père Noël.
-
Le Père Noël ?
-
Tu as bien entendu. Le Père Noël a disparu. Si nous ne le retrouvons pas avant le 24 décembre, tu pourras dire adieu à tes cadeaux. Plus aucun enfant ne sera gâté.
-
Je vais partir à sa recherche !
-
Ne te précipite pas tant ! Avant de prendre ta décision, tu dois savoir que tous les personnages sombres qui rôdent en cette période te traqueront sans relâche ! Qui sait quelle magie puissante a ouvert le portail ? Ta tâche ne sera pas de tout repos, tu peux m’en croire !
-
Je le ferai quand même ! Je suis sûr que s’il a disparu, ce n’est pas de sa volonté. Le Père Noël a besoin d’aide. Je pars à sa recherche.
Puis, se penchant dans une courbette moqueuse (on ne se change pas si vite tout de même ! ), l’enfant fit un pas de côté et s’en fut, sans un bruit, avalé aussitôt par toutes les ombres de la nuit.
Le bon Saint Nicolas essaya d’apercevoir la petite silhouette de Tom entre les grands arbres, mais la nuit le cachait trop bien à leurs yeux.
-
Il n’y a pas à dire, l’enfant est courageux !
-
Souhaitons-lui bonne chance alors ! Il en aura besoin.
Les deux compères se détournèrent et reprirent leur tournée…«
A suivre dans Quelques veillées avant Noël.
En lumière du cœur,
Véronique Vauclaire
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